Balade en ville

Il y a des jours sans, et il y a des jours avec ! Indéniablement, aujourd’hui est un jour avec ! Dès le réveil je l’ai su. Je n’ai d’ailleurs rien choisi : c’est mon corps qui décide de ces choses-là ! Il me suffit de me mettre à son écoute.

Et là, il me dit clairement, dans son langage à lui, que je vais être sous son emprise durant de longs et agréables moments. Je me sens happée par cette douce langueur qui se répand en mon corps tiède, encore engourdi de sommeil ; je me laisse envahir par ce pétillement, encore timide, qu’il installe en cet endroit si doux que je me garde bien d’effleurer encore. Je demeure étendue, les yeux clos, immobile, attentive à me laisser gagner par ces ondes délicieuses.
Au bout d’un moment, je m’étire longuement. Je me sens comme soulevée du dedans, ma peau se tend, vibre, frissonne, se fait attentive. Une lente pulsation envahit mon bassin qui remue un peu, comme pour lui donner l’espace afin qu’elle se répande à loisir. J’écarte très légèrement les cuisses afin que se décollent mes lèvres qui réclament espace et fraîcheur.
Je sens ma main prête déjà à se glisser avec délicatesse entre mes cuisses, mais je la retiens. Je fais onduler mon corps alangui, lentement, les yeux toujours clos. Je laisse s’échapper un petit gémissement ; je sens ma poitrine se gonfler, je remplis mes poumons bien à fond, mes pointes s’éveillent elles aussi, s’étirent tout comme moi, alertées par la douce promesse, encore à peine formulée, de plaisirs délicats… ou plus tangibles.
J’ouvre les yeux. Tout est calme dans la pénombre de ma chambre complice. Je me redresse, m’étire à nouveau, assise au milieu des draps chiffonnés. Je jette un bref regard à mes côtés. Elle n’est pas là, hélas ! comme trop souvent. J’aurais tant aimé pourtant être éveillée par ces douces caresses qu’elle me prodigue si volontiers lorsqu’elle s’éveille avant moi ; son souffle sur ma nuque, ses lèvres sur mon épaule me souhaitant le bonjour… Soupir !
Je saute du lit, direction ; la douche. Bref crochet par la toilette, puis par la cuisine, le temps de brancher la machine à café, et hop ! le jet revigorant ! Tiède, l’eau, presque froide. J’aime sentir mon corps frissonner sous l’assaut du jet puissant. Les mille petites gouttes qui picotent mon épiderme, qui tambourinent sur ma peau attentive achèvent de me réveiller. Mes mains courent sur mon corps, à présent bien alerte. Le savon les fait glisser souplement. Je pétris mes seins, ne peux résister à la tentation de les malaxer tout de bon quelques instants. L’envie est présente de m’accorder un petit plaisir matinal, ce que je fais bien souvent, mais j’y résiste ! je me réserve un programme plus attrayant !
C’est samedi, il fait beau, il fait chaud. J’ai envie de m’offrir un petit bain de foule, d’aller m’exhiber, de me donner ces délicieuses sensations que me procurent les regards enfiévrés des passants (et passantes). La galerie commerciale grouillera de monde, voilà où je vais aller me balader !
La tenue ! Après avoir longuement hésité, essayé ceci pour préférer cela, je finis par opter pour un t-shirt bien moulant et généreusement échancré. Pas de soutif ! J’ai envie qu’on voie bien mes pointes agacées gonfler le tissu tendu. Short ? Jupette ? Je sens monter une légère rougeur lorsque je choisis ma mini-jupe la plus courte : c’est que j’ai décidé de ne pas porter de culotte et que là, je serai à la merci du moindre coup de vent. J’hésite un bref instant, puis je me décide. Tant pis ! C’est si bon aussi la fraîcheur de l’air entre mes cuisses, et puis, bien sûr, le trouble lié au danger permanent de voir se soulever le vêtement léger. Pour limiter tant soit peu le risque, je jette sur mes hanches ma large ceinture de cuir ornée d’une lourde boucle métallique. J’aime ce poids sur mes hanches : il me donne conscience de leur ondulation lorsque j’adopte cette démarche légèrement chaloupée qui, je le sais trop bien, attire les regards. Je jette mon dévolu sur des escarpins à talons assez hauts qui accentuent ma cambrure et permettent à mon entrejambe de se sentir plus exposé. Ne faisons pas les choses à moitié !
Léger, le maquillage ! Je n’ai aucune envie de passer pour une aguicheuse professionnelle, voire pire ! Petites boucles d’oreilles, pendentif qui viendra sautiller à la naissance de mes seins, lunettes solaires pour me permettre de vérifier, l’air de rien, l’effet que je compte produire. J’attrape mon petit sac et hop ! je me jette dans la rue.

Je n’avais pas fait dix pas sur mon trottoir que je sus que la partie allait être chaude ! La température était idéale, il y avait plein soleil, mais une brise agréable venait en atténuer l’ardente morsure. J’abordai bien vite la petite esplanade sur laquelle s’ouvrait la tentaculaire galerie commerçante. Ce n’était pas la cohue, heureusement ! Bon nombre de passants et de badauds déambulaient çà et là. Deux jeunes adultes nonchalamment appuyés à un réverbère, canette de bière à la main, me décernèrent un regard éloquent lorsque je passai devant eux : l’un d’eux, bouche bée, me fixait comme si j’étais une apparition tandis que l’autre me déshabillait sans vergogne des pieds à la tête. Je me gardai bien de leur laisser deviner que je guettais leurs réactions. Pas question qu’ils se doutent de la satisfaction que me procurait in petto leur involontaire hommage.
Je ne me faisais aucune illusion quant à ma propre attitude. Je me donnais là une belle et bonne satisfaction dont la nature ne laissait pas le moindre doute : j’étais en plein délire narcissique. J’avais envie qu’on me regarde, oh oui ! qu’on m’admire, qu’on me trouve belle, attirante, sexy, qu’on ait envie de me fourrer dans son lit, de m’arracher mes vêtements, de me fixer avec cet air éperdu qui prélude aux grandes séances acrobatiques, de perdre les pédales, de me faire connaître les délices de la jouissance ultime. Tout ceci, bien entendu, strictement dans ma tête.

Au moment de pénétrer dans la galerie, je reçus en plein visage la double décharge assassine que le regard courroucé d’une dame âgée, en tailleur ultra chic, couverte de bijoux hors de prix, me décerna sans la moindre retenue. Son large chapeau de paille, orné d’un ruban rose tendre du meilleur goût, tremblait d’indignation. Je ne pus réprimer un petit sourire de satisfaction en passant outre la vieille furie.
Je m’arrêtai devant une des premières vitrines afin d’y admirer les verres anciens qui y étaient exposés. Une intéressante collection d’objets d’un autre âge : petites cuillers en argent, vaisselle rare, carafes et flacons précieux s’y accumulaient. Dans le reflet de la large vitre, j’aperçus un homme d’une quarantaine d’années, pas bien grand, plutôt massif, le visage poupin, la lèvre supérieure surmontée d’une fine moustache soigneusement taillée. Il portait de grosses lunettes rondes. Il ne s’aperçut pas que je le voyais fixer sans vergogne mes fesses, puis mes cuisses. Pour le narguer un peu, je me déhanchai légèrement, portant le poids de mon corps sur une seule jambe. Je vis s’arrondir l’œil de mon mateur, à ma plus grande satisfaction. Je me penchai vers l’avant, comme pour examiner de plus près une pièce intéressante, en réalité pour faire remonter un tantinet ma jupette, au risque de lui révéler mon absence de culotte. Il me sembla le voir déglutir, et il réajusta hâtivement ses lunettes. Je mis fin toutefois à la délicieuse angoisse que n’avait pas manqué de faire naître en mes sens en alerte cette audacieuse initiative en quittant brusquement la vitrine.
Sans me soucier davantage de mon gros voyeur, je m’aventurai plus loin dans la galerie, à l’affût de nouveaux regards, discrets ou non, admiratifs ou gourmands. Mon désir allait croissant d’ajouter à mon tableau de chasse le plus possible de regards, qu’ils expriment la gêne, l’envie, l’avidité, la convoitise, voire l’appétit libidineux. En général, les regards vicieux me glaçaient les sangs, les manifestations de désir incontrôlé qu’affichaient les mâles incapables de maîtriser leurs pulsions me révulsaient. Mais là, comme par défi, je me pris à les souhaiter. J’avais envie, tout bonnement, de susciter l’émoi dans les braguettes, de provoquer l’afflux de sang dans les membres inertes de ces messieurs, de faire se dresser dans les pantalons bien coupés le membre ému du badaud désœuvré ou de l’homme d’affaires en goguette.
Je sentais monter en moi la douce chaleur d’un corps qui se promet des voluptés ineffables, qui sait qu’il ne perd rien pour attendre, qui se contient, trop conscient des délices à venir.

J’étais arrivée au ‘forum’ central, large espace où convergeaient différentes galeries commerciales. La foule y était un peu plus dense et le brouhaha plus prononcé. Le sourire mutin, appuyé d’un regard espiègle, que m’adressa une petite rousse à l’adorable minois tout parsemé de taches de son déclencha un ‘dziii’ dans mon ventre. Délicieuse petite décharge qui vint me rappeler à quel point j’étais en effervescence. Elle avait eu un regard furtif vers mon décolleté, puis vers mes pointes qui saillaient généreusement sous mon t-shirt distendu. Je sentis mes joues s’empourprer. Dans mon imagination, qui commençait doucement à prendre le pas sur la réalité alentour, je m’imaginai étendue sur le dos, à même le sol, le t-shirt relevé, alanguie, offerte ; son petit visage errant sur mes seins, les bécotant, les suçotant, leur décernant mille petits bisous mouillés… J’imaginai ses yeux rivés aux miens pendant qu’elle me décernait ces caresses, qu’elle me léchouillait.
Je me demandai soudain d’où venait le regain de froid entre mes cuisses. Étais-je en train de commencer à livrer le témoignage de mon émoi ? La tête m’en tourna un peu.
Je m’étais immobilisée, un peu indécise, l’esprit dans le vague. Ne sachant trop où aller, je jetai autour de moi un regard distrait. J’eus un léger sursaut lorsque j’aperçus mon voyeur qui me fixait sans la moindre retenue. Il était planté là, inerte et impassible, à quelque vingt mètres de l’endroit où je me trouvais. Son immobilité avait quelque chose d’inquiétant. Je ne sus trop si je devais me sentir flattée ou si je devais m’inquiéter, ayant affaire, peut-être, à un obsédé.
Je décidai de l’ignorer et de poursuivre mon parcours. Bien vite, je cessai de comptabiliser les regards qui, parmi cette foule nettement plus dense en cet endroit, convergeaient vers moi en nombre, parcouraient mes seins, caressaient mes cuisses, soulevaient ma mini-jupe, s’effaraient de mon audace, constataient mon émoi… Je poursuivis ma route.
Oh ! ces yeux ! je venais de me sentir envahie par un regard particulièrement pénétrant. Un homme, jeune, grand, bien bâti, façon Jean-Claude Van Damme (en à peu près aussi subtil !), venait exactement à ma rencontre. En un instant, son regard de feu m’avait entièrement enveloppée, mise à nu, caressée partout, s’insinuant sans vergogne dans mes orifices enflammés telle une coulée de lave. J’en eus un hoquet de surprise. S’imposa aussitôt à mon esprit en délire une suite d’images d’une surprenante précision : gonflé de désir, le membre dressé de cet homme à peine entrevu, se trouvait niché entre mes seins et s’y livrait à un hallucinant jeu de va-et-vient sur un rythme affolant qui ne cessait de s’accélérer, me secouant comme une pâte molle. Son visage était écarlate et affichait comme un rictus dément, il bavait, grimaçait, laissant apparaître des dents serrées ; ses yeux injectés de sang roulaient dans leurs orbites, exprimant une folie furieuse ; ce visage grossissait à mesure que son membre gonflait. Il poussa soudain un hurlement à la Tarzan en se répandant sur ma poitrine ébahie en longs jets crémeux d’une stupéfiante abondance et d’une puissance extrême.
Je ne repris mes esprits que pour me rendre compte à quel point j’étais dans un état qui confinait à l’indécence. Mon cœur battait la chamade, la tête me tournait un peu et j’eus l’impression de vaciller sur mes jambes. Une longue et puissante montée de chaleur dans mon entrejambe, accompagnée d’un petit feu d’artifice dans ma poitrine, me fit prendre la sage décision de rentrer sans tarder dans mon doux foyer afin de… de m’y livrer à la plus frénétique des thérapies ! J’avais le sentiment d’être nue, que tous ces gens étaient parfaitement au courant de mon état, que tous avaient pu visionner en même temps que moi mon film sulfureux, que chacun savait que j’avais osé ne pas enfiler de culotte, que… que mon intimité s’affichait dans son indécente émotion… La preuve de ma débauche — celle-ci fût-elle confinée au seul mental, pour le moment — ne s’étalait-elle pas le long de mes cuisses outrageusement dénudées ?
J’en avais le tournis. Mais je me ressaisis néanmoins et, bien vite, je chassai ces images de culpabilité qui n’étaient pas de saison. Enhardie, réconfortée, je fis demi-tour et repris ma marche en direction de la sortie, en proie à une forte exaltation à l’idée d’apporter, tout bientôt, une délectable conclusion à mes petits délires.
Par défi, et pour achever d’alimenter mes délicieux caprices, je chaloupai plus encore ma démarche, pointant davantage mes fesses rebondies, accentuant ma cambrure pour bien faire ressortir mes seins que je me plus à laisser se dandiner de manière plus provocante encore, bombant le torse et remplissant mes poumons à l’excès tout en rentrant le ventre, ce qui eut pour effet de dissocier en quelque sorte le haut de mon corps du bas, leur permettant ainsi de se répondre, comme s’ils coulissaient autour d’un moyeu souple, comme s’ils tanguaient sur des rythmes décalés. J’adore cette sensation et c’est là un exercice auquel je me livre souvent et qui ne manque jamais d’augmenter mes envies, d’accentuer cette impression d’être un corps en mouvement, un animal sensuel assoiffé se sensations, une femelle avide d’émotions… ouh ! le doute n’était plus permis, là : je sentis nettement que quelque chose de vivant habitait mon entrejambe, un petit animal qui réclamait son dû, une démangeaison qui appelait d’urgence un traitement énergique. Vivement à la maison, vivement sur mon lit, vivement la liberté de me soulager de toute cette tension accumulée…

Oh ! nooon… encore lui ! ce gros vicelard était encore là, à me dévisager sans aucune retenue, ne cherchant même plus à dissimuler son état de malsaine fébrilité. Je me rendis compte sur le coup — un peu tard ! — à quel point cet homme suait le vice. Il semblait émettre des ondes morbides. Son air impassible ma paraissait soudain de la même nature que le calme avant la tempête.
Je me hâtai de rejoindre la sortie, fuyant presque le libidineux individu, n’osant me retourner pour voir s’il me suivait. Arrivée sur l’esplanade, je me dirigeai à pas précipités vers ma rue, heureusement toute proche, non sans savourer au passage, mais furtivement et dans la hâte cette fois, les regards qui continuaient de caresser mes formes affolées. Dommage qu’il me faille abréger…
À l’entrée de ma rue, j’osai un rapide regard en arrière. Brusque montée d’adrénaline : rouge, suffoquant, l’individu me suivait bel et bien d’un pas précipité. En proie à un début de panique, je me mis à courir. Je constatai que ma rue était pratiquement déserte, ce qui ne fit qu’augmenter ma détresse. Je farfouillai dans mon sac à la recherche de mes clés que je faillis laisser choir sur le trottoir indifférent.
C’est le cœur dans la bouche que, au bord des larmes, toute paniquée, j’enfournai à la hâte ma clé dans la serrure de mon immeuble. Mal engagée, la clé ne tourna pas. Je réprimai une montée d’angoisse, rectifiai mon geste, ouvrit la porte en hâte et me précipitai dans le hall d’entrée non sans éprouver un vif soulagement. Je claquai violemment la lourde porte sans plus me soucier de mon poursuivant. Ouf !…
À peine entrée dans mon appartement, je jetai mon sac sur le canapé du salon, balançai mes escarpins à travers la pièce avant de me ruer dans ma chambre. Le souffle court, le rouge aux joues, le feu au ventre, je fis passer prestement mon t-shirt tout imbibé de transpiration par-dessus mes épaules, débouclai mon épaisse ceinture qui se reçut sur le sol avec un bruit de métal, me débarrassai de ma minijupe comme si elle était imprégnée d’un poison virulent et me jetai sur mon lit qui couina sa surprise en me recueillant. Je me mis aussitôt à malaxer mes seins impatients, cuisses ouvertes, bassin endiablé, toute parcourue de frissons incoercibles, en proie à un mélange de panique et d’exaltation animale.
Éperdue, le corps parcouru de frissons brûlants, je me trémoussai comme une épileptique, faisant chanter les ressorts du lit. Bien vite, je me retrouvai environnée d’étoiles multicolores, perdant toute notion de temps et d’espace. Je n’avais plus conscience de ce que faisaient mes mains énervées, mes doigts affolés ; ma chair surchauffée vibrait comme sous l’effet d’une crise de paludisme. La tornade s’annonçait : je me sentis comme aspirée au cœur d’une trombe, emportée par un ouragan, jetée dans le feu d’un volcan. La jouissance qui s’empara de mes sens en délire m’emporta en un feu d’artifice somptueux, ravageur, paradisiaque. Au cœur du tourbillon se bousculaient, inextricablement mêlés, les visages que j’avais aperçus au cours de mon périple, et, surtout, tous ces regards qui m’avaient transpercée, pénétrée, affolée, ravie.

Proposée par Bilitis.

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